Sunday, November 11, 2007

Le retour des "kabadays"

Ecrire à nouveau après plusieurs mois d’absence, mais dans quel but? Exprimer le désarroi qui m’accable comme la plupart des Libanais, face au spectacle ridicule d’une poignée de dirigeants véreux, nostalgiques d’un passé marqué par la violence, les guerres et les petites victoires de quartier.
En 1975 on les appelait les « kabadays », ces médiocres chefs de tribus, je les revois encore se balader dans les rues avec cet air de suffisance que confère l’autorité aux faibles d’esprit. Certains d’entre eux sont devenus nos leaders adorés par un groupe comme des Dieux, détestés par d’autres comme la pire vermine. Ils me dégoûtent tous, je pense au sang qu’ils ont versé, aux pleurs qu’ils ont provoqués, et en les voyant tous les jours à la télé, je me dis parfois qu’ils pourraient bien recommencer…allez encore un petit tour de roulette, juste pour le plaisir, pour ressentir la montée d’adrénaline du joueur, conscient de l’absurde cycle qui le mène sur les chemins tortueux de la déchéance humaine, mais victimes de ses pulsions. Le joueur est solitaire, il n’entraîne dans son sillage que sa triste famille, le « kabaday » lui, jouit de la souffrance des autres, de leur soumission. C’est en cela qu’il est le parfait personnage Sadien, il inverse les valeurs morales et le mal devient loi, la jouissance que procure la barbarie est son seul objectif…tout le reste n’est que palabre et rhétorique. 33 ans qu’ils nous bassinent avec l’esprit patriotique, accusant les autres de traîtrise, sanctifiant à tout va des personnages que nous n’avons connu pour la plupart d’entre nous que placardés sur les murs salis de nos villes.
Souvent en passant devant le « Holiday in », j’ai cette étrange impression que rien n’a changé, je suis mon père, j’ai 32 ans et je vois cet hôtel brûler, des flammes qui ne veulent pas s’éteindre. Fallait-il faire une guerre pour conquérir un hôtel, il suffisait peut-être de l’acheter… aujourd’hui encore, on en est là ! La guerre des hôtels et des petits pouvoirs. Quelle saloperie !