Le Liban de mon père
J’entends souvent autour de moi des personnes dépitées, blasées, dire “que nous a donné le Liban ? ». Cette réaction est compréhensible particulièrement en période de crise comme celle que nous vivons actuellement. Reconstruire encore avec cette impression décourageante de prendre à chaque fois un faux départ, telle a été la vie du Libanais pendant 40 ans. Toujours les malheurs,toujours les immeubles éventrés, toujours les mères qui pleurent, toujours l’exode et toujours la corruption dans les hautes et petites sphères de la société civile, une corruption qui mine le pays et accentue le sentiment de bâtir sa vie sur du sable mouvant.
« Que nous a donné le Liban ? », cette question me parait malgré tout inacceptable dans le sens qu’elle me déresponsabilise complètement, comme si je n’avais aucun pouvoir sur mon pays, à la manière d’un enfant qui observe et subit. « C’est le monde entier que je veux posséder » disait Sartre, c’est le Liban que nous devons posséder, avoir un impact sur la vie politique, essayer de bouleverser le cours tragique de l’Histoire. Difficile entreprise lorsque nos deux voisins bienveillants, en synergie parfaite, nous mettent perpétuellement les bâtons dans les roues. Difficile mais possible, possible comme cette évacuation Syrienne en 2005, possible comme l’unité humaine du peuple face aux bombes dévastatrices d’Israël, possible comme le travail exemplaire des secouristes luttant contre leur instinct de survie pour sauver ne serait-ce qu’une vie.
« Qu’ai-je donné au Liban ? », c’est ce que je dois me dire, mon pays m’a donné une culture à mi-chemin entre la science de l’occident et la poésie de l’orient, prémices de la globalisation, ouverture sur le monde dans tous les sens. Mon pays m’a donné des valeurs d’humanité, de convivialité et souvent de tolérance. J’ai vécu des guerres, des années scolaires dans les abris, des massacres au nom de la religion, j’ai vécu la pénurie et l’absence de ceux qui partent pour ne plus revenir. J’ai eu des pincements au cœur en les voyant disparaître pour émerger dans une nouvelle vie dont j’étais exclu. Et pourtant j’ai vécu, j’ai appris, j’ai aimé.
J’ai vu mon père lire sous les bombes, enseigner sous les bombes, refuser de fuir, refuser de céder à la pression. J’ai vu mon père reprendre à zéro lorsque les extrémistes des premières heures de la guerre se réfugiaient là-bas, ce là-bas sans racines, ce là-bas que je connais pour l’avoir lu, mais ce là-bas qui m’est étranger. Mes parents ont vécu difficilement il est vrai mais ils m’ont offert un véritable acte de résistance en m’inculquant ce qu’il y a de plus cher, l’éducation avec la liberté de penser qu’elle m’a octroyée. Et j’ai la conviction aujourd’hui d’avoir mené un combat juste, le combat des valeurs, le combat de la culture chrétienne, musulmane, laïque, le combat de la paix. C’est dans cette optique que je dois posséder le Liban en agissant individuellement dans le sens du progrès et de l’intelligence.
A mon père dont c’est l’anniversaire, j’espère que je suis à la hauteur de tes espérances.
« Que nous a donné le Liban ? », cette question me parait malgré tout inacceptable dans le sens qu’elle me déresponsabilise complètement, comme si je n’avais aucun pouvoir sur mon pays, à la manière d’un enfant qui observe et subit. « C’est le monde entier que je veux posséder » disait Sartre, c’est le Liban que nous devons posséder, avoir un impact sur la vie politique, essayer de bouleverser le cours tragique de l’Histoire. Difficile entreprise lorsque nos deux voisins bienveillants, en synergie parfaite, nous mettent perpétuellement les bâtons dans les roues. Difficile mais possible, possible comme cette évacuation Syrienne en 2005, possible comme l’unité humaine du peuple face aux bombes dévastatrices d’Israël, possible comme le travail exemplaire des secouristes luttant contre leur instinct de survie pour sauver ne serait-ce qu’une vie.
« Qu’ai-je donné au Liban ? », c’est ce que je dois me dire, mon pays m’a donné une culture à mi-chemin entre la science de l’occident et la poésie de l’orient, prémices de la globalisation, ouverture sur le monde dans tous les sens. Mon pays m’a donné des valeurs d’humanité, de convivialité et souvent de tolérance. J’ai vécu des guerres, des années scolaires dans les abris, des massacres au nom de la religion, j’ai vécu la pénurie et l’absence de ceux qui partent pour ne plus revenir. J’ai eu des pincements au cœur en les voyant disparaître pour émerger dans une nouvelle vie dont j’étais exclu. Et pourtant j’ai vécu, j’ai appris, j’ai aimé.
J’ai vu mon père lire sous les bombes, enseigner sous les bombes, refuser de fuir, refuser de céder à la pression. J’ai vu mon père reprendre à zéro lorsque les extrémistes des premières heures de la guerre se réfugiaient là-bas, ce là-bas sans racines, ce là-bas que je connais pour l’avoir lu, mais ce là-bas qui m’est étranger. Mes parents ont vécu difficilement il est vrai mais ils m’ont offert un véritable acte de résistance en m’inculquant ce qu’il y a de plus cher, l’éducation avec la liberté de penser qu’elle m’a octroyée. Et j’ai la conviction aujourd’hui d’avoir mené un combat juste, le combat des valeurs, le combat de la culture chrétienne, musulmane, laïque, le combat de la paix. C’est dans cette optique que je dois posséder le Liban en agissant individuellement dans le sens du progrès et de l’intelligence.
A mon père dont c’est l’anniversaire, j’espère que je suis à la hauteur de tes espérances.
1 Comments:
J'aime beaucoup ce que tu écris, c'est très beau, très juste.
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